Les Belges relancent l'Europe

Publié le par Delanoe 74

 

Une fois n'est pas coutumes, à l'occasion de la prise de fonction de la présidence tournante de l'Union européenne par la Belgique, nous reproduisons ci-après l'intégralité de la rubrique de Beranrd GUETTA sur France Inter ce jeudi 1er juillet.

C’est l’une des anomalies institutionnelles de l’Union. Désormais dotée d’un président, Herman Van Rompuy, élu par cette assemblée des 27 chefs d’Etat et de gouvernements qu’est le Conseil européen, l’Union a pourtant conservé son système de présidence tournante, confiée chaque semestre à l’un des Etats membres chargé d’organiser son travail.

 

Les deux tâches se recoupent. L’équilibre se cherche entre ces deux institutions rivales mais cette confusion peut avoir des avantages. A compter d’aujourd’hui, cette double commande revient à un seul pays, la Belgique, qui prend la présidence tournante alors même qu’Herman Van Rompuy, le président du Conseil, est un ancien Premier ministre belge. C’est ainsi le plus fédéraliste des pays de l’Union qui tiendra toutes les manettes durant les six mois à venir, période dans laquelle les 27 devraient mettre en place leur Service d’action extérieure, la diplomatie européenne, créer de nouvelles autorités communes de supervision des marchés, de la banque et de l’assurance, réguler les fonds d’investissements, décider de taxer les banques et, peut-être, les transactions internationales si Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sont entendus.

 

En pleine crise, budgétaire et existentielle, l’Union va ainsi se doter de nouveaux instruments économiques et politiques susceptibles de renforcer sa cohésion et son contrôle des marchés et cela au moment même où elle devra commencer à donner un contenu à ce gouvernement économique dont les Etats membres ont accepté le principe à l’automne dernier.

 

Ces six mois peuvent marquer un tournant, non pas une révolution car l’Union n’avance qu’à pas menus mais le début d’une profonde évolution vers l’émergence d’une Europe politique, et les Belges, bien qu'en pleine crise intérieure, sont fermement décidés à ne pas laisser passer cette occasion. Tandis qu’Herman van Rompuy s’attache d’ores et déjà à donner le maximum d’efficacité possible au futur Service d’action extérieure, la Belgique projette, de son côté, d’organiser une Convention sur la définition du gouvernement économique.

 

Plutôt que d’attendre que les chefs d’Etat et de gouvernements négocient entre eux l’un de leurs habituels compromis illisibles, elle voudrait réunir des représentants des Etats, de la Commission, du Parlement et des partenaires sociaux, des syndicats et du patronat européen, pour les faire plancher, publiquement, sur ce que devrait être ce gouvernement, ses compétences, ses objectifs et son fonctionnement.

 

Si elle n’en est pas empêchée par les autres Etats membres qui s’inquiètent toujours de tout ce qui pourrait favoriser la naissance d’une démocratie paneuropéenne risquant de les déborder, la présidence tournante pourrait donner ainsi la possibilité à tous les courants de l’échiquier européen de s’exprimer sur l’avenir de l’Union, de défendre leurs positions et de faire apparaître convergences et lignes de fracture. Ce pourrait être le début de la formation de cet échiquier paneuropéen à partir duquel pourraient se constituer des partis paneuropéens et d’éventuelles coalitions. C’est une idée à défendre, bec et ongles.

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